…La vie sur un Phil…
Le 18 mars dernier, notre ami et collaborateur Philippe Nassif nous a brutalement quitté.
Malgré son amour de la vie, qu’il honorait de sa pensée précise, originale et poétique, il fut pris par l’orage comme un marin en mer. Car, malgré le ressac des vagues de son angoisse qui frappait régulièrement la roche de son cœur, mon intime conviction me dit qu’il se sentait à bon port dans l’existence. Il ne regrettait ni d’y être ni d’en être. Il était simplement face à elle comme on se tient face au sacré, effrayé et émerveillé tout à la fois.
Philippe était l’un des plus beaux esprits philosophiques que j’ai connus. Il maniait les mots et les idées comme il entrait en relation, avec délicatesse, curiosité et humilité. Il fut l’un des meilleurs compagnons de dialogue qu’il m’ait été donné d’avoir. Il avait le don de convoquer les penseurs et leurs concepts aux endroits où on ne les attendait pas. Il pensait avec toute sa sensibilité, son enthousiasme comme sa gêne. Il ne pensait pas comme il faut. Il pensait singulièrement, comme font tous les grands philosophes.
Il faut maintenant tout imaginer sans lui, recomposer le quotidien de Thaé autour de son absence. Ou plutôt, continuer de le rendre présent à notre engagement en faisant de son souvenir une source d’inspiration constante. Emprunter à sa couleur, à son style, à sa tournure d’esprit, et même à son tempérament soucieux. Car le souci nous vient du latin « suivre le soleil ». Ce soleil de la vérité qui ne se laisse pas regarder mais que les philosophes ne cessent pourtant de chercher. Philippe était soucieux au sens que Heidegger donne à cet état d’âme : l’homme est le seul être qui ait à se soucier de ce qu’il est, qui ne peut se contenter d’être mais qui se sent appelé à en décider. Le souci est le contraire de l’insouciance. C’est une pleine présence au vertige de l’existence.
De cette qualité de présence, nous avons plus que besoin aujourd’hui et Philippe nous a montré le chemin.
Marion Genaivre
© Géraldine Aresteanu
L’actu
Sortie du second tome de Un mois, un mot !
Après le calendrier saisonnier du premier tome, le lecteur découvrira ici un autre univers de concepts organisés à la manière, cette fois, d’un cabinet de curiosités.
Chaque thème se donne comme un objet rapporté du voyage que nous faisons avec les nombreuses organisations que nous accompagnons. Libre à chacun de déambuler en se laissant guider par une symbolique qui le touche, un souvenir personnel ou une actualité. Puisse ce cabinet, au fil de votre lecture, attiser votre curiosité et s’enrichir de vos propres pensées.
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